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22 décembre 2023 Communiqué de presse

Le Centre Scientifique de Monaco sensibilise des élèves de CM2 à la préservation du corail rouge de Méditerranée

©Manuel Vitali – Direction de la Communication

Depuis le début de l’année scolaire, le Centre Scientifique de Monaco (CSM) est intervenu dans une dizaine de classes de CM2 afin de sensibiliser le jeune public à la préservation du Corail Rouge. A l’issue d’un atelier spécialement créé pour l’occasion, en collaboration avec la Direction de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, le CSM offre un exemplaire du livre « Les Mystères du Corail Rouge » à chaque élève.

Éveiller la curiosité des élèves, développer leur sens de l’observation et leur esprit critique, donner le goût de la science et développer la culture scientifique dès l’école, tels sont quelques-uns des objectifs de cette démarche engagée auprès des enfants des classes de CM2 des écoles primaires de la Principauté.

Dans ce but, trois chercheurs du CSM, le Dr Romie Tignat-Perrier, le Pr Denis Allemand et la doctorante Clémence Forin, présentent depuis le début de l’année scolaire dans les différentes classes de CM2 de la Principauté leurs travaux sur le Corail rouge ou corail précieux, espèce emblématique de la Méditerranée. À travers des projections et des échantillons, ces trois chercheurs amènent les élèves à réfléchir sur la vie animale marine et leur nécessaire protection. À la fin de la séance, le livre intitulé « Le Mystère du Corail Rouge », dont les chercheurs du CSM ont dirigé la production, est offert aux élèves. Cet ouvrage, édité par les Éditions de La Martinière, résulte de la collaboration avec la célèbre Maison Chanel dans le cadre de l'Axe « Sensibilisation » du programme de l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux CSM - Chanel.

Lancé en 2019 pour une durée de 6 ans, ce programme scientifique vise à mieux comprendre les mécanismes de croissance et de couleur du corail rouge de Méditerranée et à étudier des solutions innovantes afin d’aider à la conservation de cette espèce. L’objectif est de mieux comprendre pour mieux protéger. Les résultats de la recherche seront mis à disposition de l'ensemble des parties prenantes intéressées par le biais de publications. Ce programme est partagé en trois axes complémentaires : un axe fondamental, un axe appliqué et un axe de sensibilisation et communication. C’est dans ce dernier cadre que se place ce programme pédagogique.

Dans sa préface de l’ouvrage « Le Mystère du Corail Rouge », S.A.R. la Princesse de Hanovre souligne que cette publication, « l’année du centenaire de la naissance [du] Prince Rainier III, lui rend un parfait hommage puisque, parmi ses nombreuses actions pour la protection de la nature, il a été à l’origine de la Réserve sous-marine des Spélugues qui protège l’unique tombant à corail de notre Principauté ». Il faut rappeler que le Prince Rainier III a également fondé le Centre Scientifique de Monaco le 23 Mai 1960.

Pour aller plus loin…

 

Coraux Précieux et Corail rouge

Le terme « corail précieux » désigne des animaux marins dont le squelette est utilisé en joaillerie. Le plus connu et emblématique est le corail rouge de Méditerranée, Corallium rubrum. Souvent nommé « Or Rouge » ou « Sang du Christ », il possède une importante valeur marchande, il est également apprécié comme porte-bonheur ou protecteur contre les esprits. On dit même qu’une concoction à partir de corail rouge broyé et de miel, permettrait de « régénérer » le sang et d’améliorer la vigueur de l’homme ! Aujourd’hui encore ses vertus sont reconnues en homéopathie. Mais c’est son utilisation dans l’art profane et religieux qui fait sa plus grande valeur : sculpture, incrustations, bijoux… Souvent confondu avec les coraux tropicaux qui forment les récifs coralliens et dont le squelette est blanc, le corail rouge en est très différent et possède un squelette de couleur rouge, qui fait sa préciosité. De ce fait, il a été utilisé depuis les époques préhistoriques, et n’a cessé d’être l’objet d’un important commerce, voire de monnaie d’échange.

Historiquement, le corail rouge a été le premier organisme à porter le nom de « corail ». Malgré son utilisation et son commerce plusieurs fois millénaire, la nature réelle du corail rouge est restée longtemps mystérieuse. Pendant longtemps, le corail était en effet considéré comme un minéral (pierre), un végétal ou un animal. Le corail rouge de Méditerranée acquit définitivement son statut d’animal au milieu du XVIIIème siècle, grâce à un médecin marseillais, le Dr Jean-André Peyssonnel, après un âpre débat avec René-Antoine Ferchault de Réaumur, alors Directeur de l’Académie Royale des Sciences. Il fallut attendre encore plus d’un siècle pour voir publier la première étude biologique détaillée sur le corail rouge, réalisée par le biologiste Henri de Lacaze-Duthiers (1864) dans un remarquable ouvrage intitulé « Histoire naturelle du corail ». Aujourd’hui encore, le corail rouge recèle de nombreux mystères. On fête cette année le bicentenaire de sa naissance.

Un processus biologique à l’œuvre : la Biominéralisation

En Joaillerie, c’est le squelette axial du corail qui est utilisé : on parle de Biominéral. La perle est un autre exemple de gemme biologique. Contrairement aux pierres précieuses purement minérales, ces gemmes sont issues d’un processus biologique appelé Biominéralisation, dont les chercheurs du Centre Scientifique de Monaco sont parmi les meilleurs spécialistes mondiaux. Comme les autres biominéraux, le squelette des coraux précieux est fabriqué à partir d’une trame organique enchâssée dans un ciment minéral de carbonate de calcium (CaCO3). La trame organique contient entre autres des pigments de type Caroténoïdes qui donnent sa couleur, son éclat et sa valeur au corail rouge.

Le Corail rouge : un trésor méditerranéen à protéger

Si l’espèce par elle-même ne semble pas en danger d’extinction, les stocks ont été globalement surexploités, nécessitant de contrôler la pêche de ces animaux car le corail est un animal à croissance lente (1-3 mm par an). Aujourd’hui, la pêche du Corail rouge se pratique en scaphandre autonome à l’aide de mélanges gazeux entre 80 et 150 mètres, et une taille minimale est exigée, certains pays ayant instauré des quotas.

Environ 350 corailleurs officiels sont licenciés en Méditerranée. Afin de remédier à la raréfaction de cette ressource, il devient donc urgent de développer de nouvelles méthodes de gestion et/ou des alternatives permettant au secteur de la joaillerie d’utiliser du corail rouge sans puiser dans les stocks naturels. Malheureusement, les connaissances scientifiques sur la biologie des coraux précieux en général, et du corail rouge en particulier, restent encore limitées. C’est dans cette perspective que se place la convention signée entre la Maison Chanel et le Centre Scientifique de Monaco le 27 septembre 2019, convention qui a permis la création de l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux.

©Direction de la Communication - Manuel Vitali

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